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L’action et ce qu’il en reste

Il convient cependant de noter que Gina Pane a toujours rejeté l’idée de théâtralisme, ce qui l’a amenée à réfuter le terme de « performance », pour celui  d’ « action ».

Après l’ « action », que reste-t-il de l’œuvre?

Les œuvres de Gina Pane ont été conservées sous différentes formes, et principalement grâce à la photographie. Françoise Masson fût la seule photographe de ses  actions. Ainsi, dès sa première performance, Pierres déplacées (1968), Gina Pane donnait déjà une grande place à la photographie. Pour Terre-artiste-ciel (1969), l’angle de prise de vue était primordial puisque l’artiste devait camper avec perfection au milieu d’une bande de terre égale à la bande de ciel. A la photographie s’ajoute la conservation de vidéos, qui permettaient non seulement à l’artiste d’enregistrer l’action en mouvement dans son intégralité, mais également les réactions de son public. Enfin, il reste les objets dont elle se servait lors de ses actions: outils, textiles, etc. et qu’elle laissait à la disposition des conservateurs. En contrôlant ainsi ces différents supports, Gina Pane a créé une œuvre complète, autour d’une scénographie précise et réfléchie, comme l’attestent les notes et dessins préparatoires, également conservés et présentés aux visiteurs lors d’expositions.

A ce propos, l’article de Julia Hountou, paru dans les Études photographiques le 8 novembre 2000, est très intéressant:

http://etudesphotographiques.revues.org/index229.html

Docteur en histoire de l’art, Julia Hountou a consacré de nombreux articles à Gina Pane et à la performance. Dans ce texte, elle s’intéresse à la méthode photographique de l’artiste, en interrogeant notamment la valeur des constats photographiques de ses actions.

Nous mettons aussi à votre disposition le dossier de presse de l’exposition « Terre-Artiste-Ciel », qui s’est déroulée du 16 février au 16 mai 2005 au Centre Pompidou:

http://www.centrepompidou.fr/pompidou/Communication.nsf/Docs/IDA0F2C2CC5A95237AC1256FA3004ED5ED/$File/1%20DP%20Gina%20Pane.pdf

Quelle place pour le public?

Les « constats d’actions » nous permettent donc aujourd’hui d’exposer les œuvres de l’artiste, mais il ne faut pas oublier que le public, présent lors de ces actions, tenait une place non négligeable dans le travail de l’artiste et le déroulement de son action. Lors d’actions violentes, d’auto-mutilation, Gina Pane cherchait à le mettre mal à l’aise, elle faisait appel à ses limites. La passivité habituelle du spectateur devant l’art, était désormais mise à mal. Le spectateur participait parfois de façon involontaire à la mise en scène: en 1973, lors de l’action Autoportrait(s), Gina Pane demandait à sa camerawoman de filmer les femmes du public, et les femmes seulement, afin de les impliquer dans le message à connotation féministe délivré par l’œuvre. Les visages filmés apparaissaient ensuite sur un écran qui faisait face au public : ces femmes étaient mises face à elles-mêmes dans le but de leur faire prendre conscience de leur importance dans la société.

Julia Hountou propose une analyse d’Autoportrait(s) sur le blog « elles@centrepompidou.fr »: http://elles.centrepompidou.fr/blog/?p=25