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Réflexions psychanalytiques

La blessure a plusieurs portées. D’abord morale, puisque l’auto-scarification est un acte privé, dont l’impudeur ne respecte plus la morale conventionnelle et la critique en dépassant ses limites. La blessure possède aussi une portée psychologique, car si le spectateur ne conçoit pas forcément la visée de cet acte artistique, il le conçoit psychologiquement, il le ressent. Chaque homme dispose d’un désir d’auto-mutilation, voire de mort, gouverné par Thanatos, en conflit permanent avec les désirs dit d’Éros, qui sont ceux de la vie. Tout l’enjeu de la blessure réside en fait dans ce paradoxe, car c’est en se blessant que l’artiste se sent exister ; par la blessure, Gina Pane retrouve les sensations les plus vives de son corps.

Quelques réflexions de psychanalystes autour de cette thématique:

http://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2005-5-page-1583.htm

Patrick Merot « Art corporel: le corps entre pensée sublimatoire et pensée opératoire », Revue française de psychanalyse 5/2005 (vol. 69), p. 1583-1596.

L’auteur analyse le devenir du processus sublimatoire dans l’art corporel, apparu dans les années 1960. Freud avait théorisé cette notion: la sublimation est la transposition d’une pulsion dans un domaine qui n’est pas condamné par le dictat social, mais qui est reconnu pour sa valeur particulière: l’art par exemple. Freud avait montré que l’art permettait aux artistes de sublimer leurs pulsions. Peut-on voir un retour aux pulsions corporelles, sexuelles, perverses etc. dans ces nouvelles pratiques artistiques? Où reste-t-il des traces de sublimation? C’est la question à laquelle tente de répondre Patrick Merot dans ce texte.

http://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2004-4-page-171.htm.

Simone Korff-Sausse, « Quelques réflexions psychanalytiques sur le Body Art », Champ psychosomatique 4/2004, n°36, p. 117-183. L’auteur propose une recherche analogique entre les productions du body-art et les cliniques corporelles liées aux marquages du corps. Les artistes du body-art, qui s’inscrivent dans un mouvement radical de contestation politique où le corps se révolte contre l’oppression exercée par un État-corps, apparaissant comme une image parentale à la fois d’abandon et de persécution, procèdent à des explorations multiples sur le corps propre de l’artiste, dont on doit se demander dans quelle mesure elles vont dans le sens d’une instrumentalisation et d’une marchandisation d’un corps dénué de subjectivité et de symbolisé, ou quêtent et inventent de nouveaux repères identificateurs à travers des expériences corporelles subversives, mais néanmoins pleines de symboles.